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En accueillant récemment les doubles de cire du comédien Fabrice Luchini, du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy et du basketteur Tony Parker, le musée Grévin perpétue l'ambition de son fondateur, le journaliste Arthur Meyer à la fin du XIXe: passer en revue l'actualité en trois dimensions. A une époque où la photo et le cinéma n'existaient pas, le directeur du célèbre quotidien Le Gaulois s'associa avec Alfred Grévin, dessinateur et sculpteur, pour ouvrir le 5 juin 1882, boulevard Montmartre, un panthéon de cire "permettant enfin au public de mettre un visage sur les personnalités qui font l'actualité". Le succès est immédiat.

Cent vingt-quatre ans après, l'esprit des fondateurs est intact. Malgré l'avènement de la télévision, près de 700.000 visiteurs vont à la rencontre des célébrités de l'actualité ou de l'Histoire. Une nouvelle scénographie permet même d'approcher les doubles de cire et de se faire prendre en photo à leur côté.

Chaque année, quatre ou cinq personnalités font leur entrée à Grévin. Politiques, artistes ou intellectuels avouent, non sans humour, une fierté toute particulière à décrocher leur double de cire dans cette institution parisienne.

"Je suis bien fier d'entrer dans votre musée: j'ai l'impression d'être enfin célèbre!", a confié Coluche en 1980. L'académicien Jean d'Ormesson a découvert sa statue "muet de stupeur et de gratitude".

Depuis 2001, un jury de personnalités réunies en "Académie Grévin" présidée par le journaliste Bernard Pivot, décide des impétrants sur la base de deux critères proclamés: "popularité et excellence".

Les journalistes Christine Ockrent, Eve Ruggiéri, Pierre Tchernia, Paul Wermus, Jacques Pessis, Henry-Jean Servat, Gérard Holtz et Stéphane Bern, les animateurs Daniela Lumbroso, Jean-Pierre Foucault et Laurent Boyer, la romancière Christine Orban, composent l'académie.

"Nous nous réunissons plusieurs fois par an pour choisir celles ou ceux qui entreront à Grévin. Ce sont toujours des personnalités incontestables dans leurs domaines et qui font à ce titre l'actualité. Les succès éphémères ne sont jamais pris en compte", explique Bernard Pivot.

"Il y a toujours la même tradition journalistique dans le choix des entrants. Toutefois, on ne se prend pas au sérieux. Nous ne sommes pas le jury Nobel!", ajoute le président de l'Académie Grévin. "Nous sommes déçus, par exemple, que le couturier Karl Lagerfeld, élu à l'unanimité, refuse pour le moment de poser pour les sculpteurs. Je me demande s'il n'y pas un peu de superstition... C'est dommage: il faut avoir un peu d'humour!".

La chanteuse de rap Diams, la comédienne et chanteuse Arielle Dombasle et l'acteur Benoît Poelvoorde, comptent parmi les prochains "immortels de cire".

Actualité oblige, l'Académie Grévin vient d'adresser aussi une invitation à Ségolène Royal. La candidate du Parti Socialiste à la présidentielle n'a pas encore accepté d'entrer au musée.