lun 18 dec 2006

Un tiers des Français dort mal: un rapport invite à réagir

18 12 2006

Près d'un tiers des Français souffre d'insomnie, et un sur dix d'insomnie sévère, mais l'importance du sommeil pour la santé reste sous-estimée et ses troubles sont insuffisamment pris en charge, selon un rapport remis jeudi au ministre de la Santé, Xavier Bertrand.

Près de 8% se plaignent de somnolence diurne excessive, 8,4% souffrent du syndrome des jambes sans repos (sensations très désagréables, picotements et tressaillements), et 5 à 7% d'apnées du sommeil, selon le rapport remis par le Dr Jean-Pierre Giordanella, directeur de la prévention de la Caisse d'assurance maladie de Paris.

Sur la base de ce rapport, M. Bertrand annoncera dans la 2e quinzaine de janvier une série de mesures "afin que d'une part les connaissances sur le sommeil se développent et que d'autre part les troubles du sommeil soient mieux pris en charge", selon un communiqué du ministère.

Mal connu, malmené par les contraintes sociales (heures de travail, temps de transport) et les modes de vies (télévision, téléphone, internet), le sommeil n'est pas toujours suffisant, ni de bonne qualité, en particulier chez les adolescents. Le sommeil est pourtant un enjeu majeur puisqu'il occupe près d'un tiers de la vie.

Or un manque de sommeil ou un mauvais sommeil peuvent avoir des conséquences parfois majeures sur la santé, être la cause d'accidents (sur la route, au travail...) ou être préjudiciables à l'apprentissage scolaire.

Un tiers des accidents mortels de la circulation serait lié à des problèmes de sommeil.

Les troubles du sommeil constituent un réel problème de santé public, relève le rapport qui formule une série de propositions pour améliorer l'éducation, la prévention, la prise en charge et la recherche.

Le rapport plaide fermement en faveur d'une éducation à "l'hygiène du sommeil", notamment pour l'enfant et l'adolescent, et suggère la réalisation d'un guide pratique pour le grand public.

Les conditions propices à un bon sommeil ne sont pas toujours respectées, alors que pour la plupart elles sont faciles à réunir: chambre agréable et rangée, literie de qualité, état de détente permettant un endormissement progressif dans un sentiment de sécurité...

Le sommeil devrait être intégré dans la surveillance habituelle de l'enfant (carnet de santé), estime encore le rapport.

Attirant l'attention sur le lien entre sommeil et accidents de la route, il préconise qu'"une attention particulière" soit portée aux problèmes de sommeil lors de l'apprentissage de la conduite d'un véhicule.

La prise en charge des troubles du sommeil n'est pas non plus satisfaisante, déplore le rapport qui souligne des retards de diagnostic pouvant "atteindre plusieurs années". Il recommande de "recenser et classer les structures du sommeil" et d'"établir des recommandations sur les principales pathologies". Le nombre des centres du sommeil est estimé aujourd'hui à une centaine, mais il existe des inégalités régionales.

L'usage de somnifères, "de toute évidence excessive et souvent inappropriée" devrait également faire l'objet d'une meilleure communication selon le rapport, qui rappelle qu'il existe d'autres moyens pour résoudre les problèmes d'insomnie.

En matière de recherche, le rapport propose "la création d'un Groupement d'intérêt scientifique" réunissant les différents partenaires de santé et de recherche et préconise la création de centres pluridisciplinaires "sommeil", rassemblant chercheurs et cliniciens.