ven 8 dec 2006

Envoyer des lettres d'amour constitue-t-il un délit? Réponse le 21/12 à Metz

08 12 2006

LettresUn ancien avocat de Metz, qui deux ans durant avait inondé de lettres d'amour et couvert de fleurs une consoeur, saura le 21 décembre s'il est condamné pour "violences volontaires sans ITT avec préméditation". Le tribunal correctionnel de Metz a remis à cette date sa décision après avoir examiné jeudi le comportement de Patrick Serre, 44 ans, qui en 2002 et 2003 avait envoyé quelque 800 courriers enflammés au domicile de son ex-consoeur qui, n'en demandant pas tant, avait fini par porter plainte pour cet "harcèlement épistolaire" au parquet.

L'avocate, âgée de 38 ans, avait pourtant demandé à l'amoureux transi de ne plus l'importuner mais celui-ci avait redoublé d'assiduité en lui envoyant jusqu'à six lettres par jour.

Le procureur, Emmanuel Dupic, a demandé 12 mois de prison de prison assortis d'un sursis probatoire de trois ans, l'interdiction d'entrer en contact avec l'avocate, objet de cette passion sans mesure, et l'obligation de se soigner.

Auparavant, la partie civile, représentée par Me Bernard Jan, avait demandé que le tribunal s'assure que "cette histoire qui n'a jamais commencé se termine dans le prétoire".

"On est au-delà de la raison. Ma cliente, qui a subi un châtiment particulièrement insupportable, vit aujourd'hui cachée. Il faut que tout cela cesse", a-t-il plaidé dans le registre de l'émotion.

Me Alexandre Bouthier, défenseur de son ex-confrère qui, ayant cessé d'exercer en 2001, vit aujourd'hui du RMI, retiré chez sa grand-mère à Beaune (Côte-d'Or), a estimé que l'on voulait "donner une réponse pénale à un problème psychologique".

Rappelant que le poète allemand Goethe avait écrit 1.200 lettres d'amour avant d'obtenir la moindre réponse de Christiane Vulpius, qu'il a fini par épouser en 1806, il a plaidé la relaxe, estimant que le délit n'était pas caractérisé.

Deux expertises psychiatriques ont conclu à une "paranoïa aiguë" et à une "hypertrophie du moi" mais "sans aucune véritable agressivité", un élément exploité par Me Bouthier.

Celui-ci a rappelé que son client n'avait jamais suivi l'objet de son désir dans la rue ni ne l'a harcelé téléphoniquement. "Ses courriers, certes nombreux, ne comportaient ni injures, ni menaces, ni harcèlement sexuel", a-t-il fait valoir.

Une juge d'instruction avait pourtant conclu que les faits de violences étaient constitués, l'auteur ayant eu conscience du traumatisme psychologique subi par la victime.

M. Serre et l'avocate plaignante n'ont pas comparu à l'audience.